Alors quand on nous a dit « aujourd’hui c’est le jour du trekking en pays Massaï » on était tout guillerets, surtout z’Homme qui entendait bien faire des repérages pour un futur trail. Évidemment, on n’avait pas prévu de faire une simple baladounette après s’être enfilés plusieurs heures de pistes sévèrement défoncées. C’est encore pas aujourd’hui qu’on fera notre quota de 5000 pas minimum.

Le clou du voyage, c’est les villages Massaï qu’on traverse. On aperçoit d’abord les troupeaux et leurs bergers drapés du vêtement traditionnel à carreaux rouges et noirs. On reconnait leurs villages à leurs cases rondes et leurs habitants à leurs silhouettes fines et élancées. C’est dans l’un de ces villages poussiéreux que Philbert s’arrête et nous présente notre guide Massaï, prénommé Alexis. C’est plus facile à mémoriser que Ngourombapenkoronkabwe. Mais quand il grimpe dans la jeep, on hésite à le rebaptiser Jack ou peut-être Daniel. Si on avait le moindre doute, ses yeux injectés de sang ne nous en laissent aucun. Il nous raconte dans un anglais pâteux la vie chez les Massaï. Que nous complétons par la visite d’un village traditionnel.

 

 

 

 

Chez eux, les repas sont vite pliés : du lait de chèvre ou de mouton additionné du sang de bœuf, et en avant la musique. De temps en temps un peu de viande. Pas de légumes. Pas de fruits. Pas de féculents. Pas de poissons. Rien d’autre. Niet. Nada. Louloute, future infirmière, s’inquiète de leur carence en vitamines et en minéraux. Moi j’y vois surtout un énorme gain de temps : t’imagines ? Si j’étais une Massaï, déjà, j’aurais le statut enviable de « mama », c’est-à-dire la personne à qui tout le monde – et je dis bien tout le monde – doit respect et obéissance. Je dirais aux greffons : « Allez saigner le bœuf et traire la chèvre, on passe à table. » En 10 minutes chrono, le repas serait prêt. Zéro préparatifs en cuisine. Pas d’assiette, de couteau ou de fourchette, un bol suffirait. Très peu de vaisselle. Ce serait super écolo. Et en plus, bonus suprême, personne ne me demanderait : « qu’est-ce qu’on mange aujourd’hui ? ». Non, franchement, la cuisine française gagnerait à un peu de simplicité Massaï. Après, faut pouvoir avaler le sang d’une bête. Le sang tout court d’ailleurs. Mais Edward Cullen* le fait régulièrement et il à l’air de sang porter bien, pas vrai ?

 

 

 

 

 

 

Arrivés sur le lieu du « trekking », à 2600 mètres d’altitude environ, on peut enfin se dégourdir les jambes. Même Le Grand est pressé de marcher. Comme quoi, tout arrive. On commence la descente au fond du cratère Empakaï. Cet ancien volcan de 8 km de diamètre fait partie du massif volcanique du Ngorongoro et sa particularité est d’abriter un magnifique lac dans lequel niche une colonie de … flamants roses ! Je t‘ai déjà dit que j’adorais les flamants roses, en plus des girafes et des libellules ? Encore l’un de mes animaux totem qui évoquent pour moi grâce, force et optimisme. Dire qu’Alice** l’utilise comme un vulgaire maillet, pfff !  Le flamant rose est digne, c’est le meilleur oiseau de la terre ; à côté de lui, même notre cigogne régionale elle peut aller se faire couver un œuf.  Choisir un plumage rose est la preuve d’un goût sûr, vu que le rose c’est aussi la meilleur couleur de la terre. Je dis pas ça parce que je suis une fille, même Pioupiou est d’accord. D’ailleurs, certains flamands sont blancs, ceux qui ont fait l’impasse sur les crustacés parce qu’ils sont un peu barbouillés, par exemple. Ben laisse-moi te dire qu’ils prennent une couleur blanc hôpital qui leur donne envie de se remettre sur pattes vite fait.

 

 

 

 

Après cette balade digestive, nous rejoignons le camp. Z’Homme ronchonne qu’il aurait voulu faire le tour du cratère en courant mais retrouve le sourire à la vue de l’environnement sommaire qui nous attend. Ça lui rappelle Koh-Lanta et ça lui mettrait presque la larmichette à l’œil. Nous partageons le terrain vague avec des ânes et leurs excréments. Notre cuistot nous prépare le dîner dans une ambiance proche de cauchemar en cuisine. Pas de bloc sanitaire : Louloute, Pioupiou et moi on se douche à l’arrache avec une bouteille d‘eau derrière un rideau d’arbres. Z’Homme, ultra réticent à affronter les températures fraîches, se lave à minima. Le Grand n’essaie même pas. « Trop la flemme ». Certaines choses ne changent pas. Les toilettes, un trou aménagé dans un coin, soulèvent le cœur. Je préfère faire mon pipi dans la verdure mais John insiste pour m’accompagner parce que les animaux sont en liberté ici. Grosse gênance. Mais bon, entre sa présence et me faire bouffer par un prédateur …


* alias Robert Pattison dans Twilight

** voir ou revoir la partie de croquet avec la Reine de cœur dans Alice aux Pays des Merveilles

2 commentaires sur “En pays Massaï”

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