Dans mon univers idéal – et entièrement virtuel – de maman, les greffons font du sport. Tout comme ils mangent 5 fruits et légumes par jour. Z’homme place la barre plus haut, BEAUCOUP plus haut : ils doivent être des compétiteurs, sinon rien.
Du coup, ils ont choisi rien. En même temps, c’est dur de progresser si tu changes de sport tous les ans. Nos enfants ont dû tester à peu près tous les clubs de la région et nous ont coûté des fortunes en équipement éphémère : bébé nageur, tennis, gym, foot, danse, volley, rollers, musculation, VTT, boxe, ski, art du cirque, snowboard, running,…
Prends le Grand par exemple. Quand il n’était encore qu’un petit, il a rejoint le FC Nidorfla pour la plus grande joie de z’homme. Convaincu de tenir le prochain Zidane, z’homme a frôlé l’euphorie au point d’assister intégralement aux entraînements de fiston. Une heure trente au bord de la pelouse à distiller ses conseils techniques et à hurler quand le Grand avait enfin la balle au pied, c’est émouvant même si ça vous isole des autres parents. Et puis un jour z’homme a compris que le Grand préférait trottiner, mollement, derrière le ballon plutôt que de taper dedans. En plusieurs saisons de foot, il a marqué moins de but qu’il n’y a de dents dans la bouche à Deschamps. L’entraîneur a expliqué diplomatiquement à z’homme que fiston « avait sans doute du potentiel », ce qui voulait dire en langage footeux « il va rester indéfiniment sur la touche ».
Z’homme a tenté alors de le faire bifurquer vers une carrière de tennisman. Laquelle a avorté dans l’œuf quand le Grand a réalisé qu’il fallait se baisser, souvent, pour ramasser les balles. Car le sol, qui est déjà bas tout court, est encore plus fourbement bas sur un court de tennis. Lassé de le voir jouer à la raquette de plage, z’Homme a aiguillé le Grand vers le volley et s’est auto-proclamé entraîneur, comme ça il avait une vraie bonne raison d’être sur le terrain. Mais comme Tom Hanks avec son ballon Wilson, z’homme s’est très vite senti Seul Au Monde, car surprise : au volley aussi, le sol est bassement bas. Définitivement allergique au plongeon qui permettrait de sauver quelques balles voire de gagner certains matches, le Grand a ruiné tout espoir de carrière volleyballesque qu’entretenait z’homme à son sujet.
Devant ce que l’on ne peut que qualifier de débâcle sportive avec le n°1, z’homme a entrepris de coacher la n°2. Il voyait Louloute en tenniswoman. Mais pas elle. Puis en volleyeuse. Elle non plus. Puis en coureuse. Elle encore moins. Tandis que z’Homme se morfondait de ne pas avoir engendré d’athlète malgré ses gènes de vainqueur, je gérais le Côté Obscur de l’activité sportive : les interminables soirées d’inscription, les certificats médicaux et leur 2 h d’attente dans une salle bondée, les tournois qui commencent tôt le matin les week-end et jours fériés , sans oublier les maudits gâteaux pour les fêtes de fin de saison.
Avec un tel déploiement d’énergie de part et d’autre de notre couple, je m’attendais à ce que n°1 et n°2 deviennent au moins des simili-sportifs – encore une illusion pulvérisée quand ils ont atteint l’âge fatidique de l’adolescence. Qui devrait s’appeler le Trou Noir tellement il ne s’y passe rien. À croire qu’ils ont tout donné. Leur seul sport désormais consiste à s’étaler comme une crêpe sur leur lit. Quand ils prennent le vélo pour aller au collège ou au lycée, c’est qu’ils ont loupé le bus. Trop fatigués qu’ils disent. Hummm, je réponds. WTF*, je me dis.
Aujourd’hui avec n°3, la courbe d’apprentissage s’est accélérée. D’une manière générale, z’homme et moi on n’encourage plus que la pratique d’activités sportives pour lesquelles on possède encore l’équipement presque neuf des aînés. Au pire, on achète du matériel d’occase sur Le Bon Coin avec option de reprise. Seuls les entraînements auxquels Pioupiou peut se rendre par ses propres moyens sont validés. Investissement minimum, telle est la devise.
Z’homme sévit à nouveau au FC Nidorfla et ses derniers espoirs reposent désormais sur les frêles épaules de n°3. Pioupiou a le caractère obstiné et revanchard qui peut laisser présager une éventuelle excellence sportive. Mais pas de pression. Encore 5 ans et on n’en parle plus. Avec le temps, va, tout s’en va.
*WTF = what the fuck (« c’est quoi ce bordel »).
LES EXPLOITS SPORTIFS DE Z’homme et de tes enfants très drôle bises raymonde
merci ;-))
Retour de ping : En pays Massaï - Humour Me by Barbara