Une dernière épreuve nous attend avant d’atteindre le parc du Serengeti, deuxième joyau de la Tanzanie après le « kili ». À nous les températures estivales ! À nous surtout la faune incomparable de ce parc et ses redoutables carnassiers.

Vu que les pistes n’ont pas été bitumées dans la nuit, le réveil est fixé à 6h30. Enfin pour ceux qui ont dormi. Et c’est reparti pour quelques heures de ballotage avec un Philbert plus taciturne que jamais. Sur une note positive, les greffons ont enfin appris à apprécier le spectacle ou à somnoler quand ils s’ennuient, plutôt qu’à se disputer. La vie est mal faite : maintenant que les deux tiers des greffons sont adultes et ne viennent plus avec nous, on les emmènerait volontiers en voyage.

Notre prochaine étape est le camp Simba et nous allons bientôt découvrir qu’il n’a rien à voir avec la savane ensoleillée dans laquelle batifole le Roi Lion. C’est qu’il est perché à 2700 mètres dans un massif volcanique. Le moral des troupes diminue au rythme des températures qui chutent et du brouillard qui se lève. Au risque de me répéter : z’Homme s’est sévèrement trompé sur la météo et nous sommes méchamment sous-équipés. La seule machine à café du camp est en panne : pas de boisson chaude pour nous réchauffer !

Le froid, la brume et la boue nous contraignent à ressortir les pantalons et les pulls cracras. On empile toutes les couches qu’on a sous la main, au risque de se rapprocher un peu plus du look SDF. Louloute craque et verse quelques larmes de dépit. Pioupiou est muet (et ça c’est PAS normal) le Grand se tait  (Et ça C’EST normal) z’Homme et moi on reste stoïques : on est routards ou on l’est pas. 

Heureusement, une fois les bagages déposés, Philbert nous ramène vers les plaines plus chaudes du Ngorongoro, où nous nous replongeons dans le spectacle en 4D des éléphants, des girafes, des hippopotames, des babouins, des marabouts, des dik-diks – sortes d’antilopes naines, mimi à souhait -, mais aussi des chacals (« on dit des chacauds ? »), des hyènes, des phacochères, des autruches… impossible de les citer tous : on a dénombré plus de 30 espèces d’animaux sauvages, sans compter les oiseaux !!!

Le retour au camp est accueilli avec fatalité. Une douche chaude nous attend et la machine à café est réparée, preuve que le ciel ne nous en veut pas outre mesure. Après une nuit rock’n roll, nous n’avons jamais eu autant hâte de repartir, d’autant que notre séjour au purgatoire est terminé : nous entrons enfin dans la magie du Serengeti où nous passerons les trois prochains jours.

Le Serengeti s’étend sur près de 15’000 km2 et on y retrouve les mêmes espèces pacifistes qu’ailleurs : girafes, zèbres, éléphants, gazelles, impalas, j’en passe. Il y a surtout des tonnes de gnous, animal décidément très laid et pas fute-fute pour un sou, à croire que Dieu a raclé les fonds de tiroir quand il les a créé. On mate cette nuée d’animaux qui cohabitent depuis le toit ouvert de la Land Cruiser à coup de jumelles ou de téléobjectif. Tout d’un coup, Philbert-œil-de-lynx, arrête la voiture. Il a vu un léopard placidement perché sur un rocher. Nous restons un moment à l’observer et sommes récompensés de notre patience : le félin quitte son mirador et s’approche avec indolence de notre voiture. Il s’assied au bord de la route, tranquille, à deux mètres de nous, comme s’il allait faire du stop. C’est sûr qu’il va pas en faire vu que c’est le meilleur sprinter terrestre, capable de courir jusqu’à 110 km/h. Seule consolation pour sa proie : il s’épuise rapidement et s’il ne la chope pas assez vite, il déclare forfait et crache ses poumons. Le fragile.

En attendant, on est contents d’être de l’autre côté de la vitre. Un peu plus tard, notre chauffeur stationne près d’un lion, repu, qui se prélasse dans l’herbe en compagnie de deux lionnes. Puis près d’un autre groupe de jeunes lions qui marchent, jouent et dorment. On se met sérieusement à envier leur vie de félins über contemplative. Philbert nous trouvera même un guépard assoupi dans un arbre – très rare à observer – et un rhinocéros, échappé de son aire de protection (1) – encore plus rare.

Du coup, venus sans attentes particulières, on repart après avoir vu les fameux « Big Five » : le lion. , le léopard. , le rhinocéros , l’éléphant ✅✅, le buffle. ✅✅✅. Euphorie dans la voiture. Même Philbert sourit. D’exceptionnelle bonne humeur, Il nous trouve encore un guépard – rare à observer – et nous offre en bouquet final la traversée de la rivière Mara par des centaines de gnous qui migrent vers le Kenya. Éblouissant. Après ce festival des mirettes, on est complètement d’accord avec le slogan qui orne l’entrée du Parc : « Serengeti shall never die (2). » Indeed.

 

(1) Les rhinocéros sont placés sous étroite surveillance en raison du braconnage important qui en fait l’une des espèces les plus menacées au monde.

(2) « Serengeti ne doit pas mourir ». C’est aussi le titre d’un documentaire allemand sorti en 1959 et récompensé par un Oscar.

2 commentaires sur “Les Big Five au Serengeti”

  1. Ne pas confondre le guépard et léopard. Le premier monte à 110 km/h, pas le deuxième (une autruche va plus vite). Le deuxième est rare à observer (veinards!), pas le premier, y en a plein!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *