Quand on débarque au Japon, le premier choc culturel se prend dès le métro. On comprend tout un tas de choses sur un pays en observant les usagers des transports publics. On comprend aussi qu’on n’est pas nés ici.
Déjà, le métro japonais est propre et calme. Sur la tête de ma mère. Pas un seul tag, aucun papier qui traîne, personne qui fait la manche ou qui raconte sa vie au téléphone, même pas de mauvaises odeurs …. ça te réconcilierait presque avec les transports de masse ! Même serrés comme des sushis, la courtoisie reste de mise. Ici, quand tu roules sur les pieds des gens avec ta valise XXL, c’est eux qui s’excusent. Quand tu demandes ton chemin, ils t’expliquent avec le sourire et comme tu n’as pas pris option japonais au lycée, ils t’accompagnent sur le quai. Et te disent arigato kosaimas[1] en repartant. C’est assez déconcertant et ça te fait voir le métro parisien sous un tout autre jour.
Je te passe le temps qu’il nous a fallu pour arriver à notre location tokyoïte. Chidorichi, c’est salement excentré. Seulement à 17 km de la gare de Tokyo mais avec des changements à n’en plus finir. Rapport au Japan Rail Pass (JPR) qu’on a acheté. Parce qu’ici, plusieurs sociétés gèrent les lignes. Un peu comme si la RATP n’avait plus le monopole du métro parisien. Certaines lignes sont plus directes mais ne sont pas couvertes par le JPR. Du coup tu fais trois changements pour arriver à destination parce que t’as pris ce maudit JPR. Et aussi parce que t’as épousé z’Homme qui ne conçoit pas de dépenser 3 € alors qu’il a déjà vendu un rein pour obtenir le Pass[2]. Même après 17h de vol. Et un gros décalage horaire.
Bref : on arrive à Voga Corte, une résidence pour touristes dans une banlieue très calme – ce qui est un euphémisme au Japon. Véritable maison de poupées, l’espace est sérieusement optimisé et un panneau à l’entrée exige que tu enlèves tes chaussures. Z’Homme tombe instantanément amoureux du Japon. Déjà le calme, la courtoisie et la propreté… mais alors là, si en plus on enlève ses chaussures avant de rentrer, sinon on est banni de la société, c’est le jackpot. « Tu vois, ils ont tout compris ! » m’explique z’Homme avec un petit vibrato dans la voix. Il est ému, c’est sûr. Pendant ce temps, Pioupiou appuie sur tous les boutons des toilettes, véritable chef d’œuvre de technologie et de confort. Sur la cuvette, d’un blanc immaculé, trône un siège doté d’un jet dont on peut régler la direction, la puissance et la durée, histoire de se laver le trou de balle sous toutes les coutures, si j’ose dire. La cuvette est chauffante et la commande latérale peut émettre plusieurs bruits de fond. Perso, je trouve que c’est une alternative raisonnable au harakiri dans un pays qui considère les bruits organiques comme une honte nationale. Ce joujou fait l’objet du deuxième coup de foudre de z’Homme pour le pays du soleil levant. Je crains qu’il n’envisage sérieusement une expatriation nippone.
Heureusement, les jours suivants nous montrent aussi l’envers du décor. Genre, est-il possible qu’un peuple soit aussi obéissant et discipliné, mais genre pire que les Suisses ? La réponse est OUI, et on comprend mieux pourquoi les trains arrivent TOUJOURS à l’heure. Par exemple, tu traverses JAMAIS la rue en dehors des passages piétons et JAMAIS quand le bonhomme est rouge. Même si la rue est déserte et qu’il est deux heures du mat’ (ou 26h, comme ils disent) , tu attends sagement que le bonhomme passe au vert, au risque de t’attirer un gros karma et une amende si la police passe par là. C’est pas bon pour l’intégration, ça. Et d’ailleurs, tu ne fumes ni ne manges dans la rue sous peine de contravention. Raison pour laquelle les rues sont nickel alors qu’il n’y a pas de poubelles. Chez nous, il y a des poubelles partout et c’est crado. D’où l’adage : Manger ou marcher, il faut choisir. Dans les espaces publics tu es prié(e) de suivre les fléchages au sol et de te mettre du côté gauche sur l’escalator. Doubler à la Française dans les files d’attente est extrêmement mal vu. Et ça, c’est une véritable épreuve pour nous, les frenchies. Quand tu vois une belle file, super looongue, et que tu ne peux pas faire genre « tu connais quelqu’un » qui est placé touuut devant la queue. Avec ton look dé-bridé, t’es cramé direct. Ou quand tu ne peux pas te glisser dans les trous sur les côtés, parce qu’il y a pas de trous. Même sur les quais du métro, il y a une file d’attente quand la rame est bondée. Et toujours pas de trous.
La goutte d’eau qui a fait déborder l’onsen[3], c’est quand on nous a refusé l’accès au petit-déjeuner un matin parce qu’on est arrivé un quart d’heure trop tard. LOL. Un quart d’heure de retard c’est de la ponctualité en France. C’est même une institution et ça s’appelle « le quart d’heure de politesse ». Z’Homme donne tout ce qu’il peut en anglais : « It is écrit zat until 10 it is possible to eat ». Oui, il est bien écrit buffet jusqu’à 10h mais la dernière entrée est à 9h30, nous explique l’hôtesse dans son anglais bancal, un sourire fermement vissé sur le visage. Pourquoi cette règle alors que les gens peuvent tranquillement finir leur petit-déjeuner après 10 heures ? Parce que l’heure c’est l’heure et après l’heure c’est plus l’heure. Je pourrais rajouter « avant l’heure, c’est pas l’heure non plus », mais je pense que t’as pigé. La ponctualité est un véritable trésor national, pas question de transiger là-dessus.
Entre les files de fer et la ponctualité de ninja, me voilà rassurée, z’Homme va rester dans l’hexagone. On garde nos chiottes sales dans les espaces publics mais au moins on n’ira pas rôtir en enfer parce qu’on triche un peu avec l’ordre établi. Et puis si on a besoin d’hygiène et de discipline, on va faire un petit tour chez nos amis les Suisses, c’est juste à côté.
Bonjour, pour avoir vécu un peu plus qu’une année à TOKYO,tout est exactement véridique .Seule la foule partout devient fatigante et on est ravi de retrouver son appart le soir.Mème dans les jardins, au moment des cerisiers en fleurs,il est recommandé de suivre la queue dans les allées,surtout pour prendre les photos…..Cela peut durer longtemps.
Merci pour votre témoignage
Barbara