Quand z’Homme dégaine son plumeau, tu sais que c’est le jour du grand ménage. Avec l’arrivée prochaine du printemps, c’est un rituel compréhensible. Comme celui qui consiste à nous séparer de nos doudounes et de nos chaussettes en laine. Et à morfler grave à cause du pollen.

Z’Homme réserve pour le printemps son plumeau Swiffer. Mais il déploie toute l’année son expertise du balai à franges et de l’aspirateur, qu’il manie avec une dextérité enviable. Les surfaces sales ne lui résistent pas et, si d’aventure, des taches tenaces venaient à le défier, il n’hésite pas à les exterminer à genoux, avec son arme secrète : des nettoyants industriels et beaucoup d’huile de coude. J’ai beau lui dire que les produits ménagers sont plus dangereux pour la santé que la saleté, il me traite de « cracra » et s’en retourne à ses alkylbenzènesulfonates et autres phosphates trisodiques.

J’ai bien tenté de passer tous nos produits ménagers au bio mais z’Homme a refusé au motif qu’ils n’étaient pas assez efficaces. Pour lui, hors la chimie, point de salut : détergent industriel rime avec « c’est nickel ». Je lui ai dit que le déterre-gens est un faux ami qui ne ressuscite pas les morts mais tue bel et bien les organismes vivants, il n’a rien voulu entendre. Ce qui peut aussi être dû à sa baisse d’audition mais dans le doute, je n’ai pas insisté. De toutes façons, déterrer la hache de guerre pour un détergent, c’est pas raisonnable, ni risquer des tensions pour quelques tensioactifs.

J’ai réussi à bannir la javel en douce et à introduire ici et là quelques produits éco-responsables-labellisés-Ecocert. Maigre consolation qui m’oblige à prendre l’air faussement étonné quand z’Homme me demande si j’ai changé quelque chose, le produit n’est pas le même que d’habitude.  « Ah oui ? Ah ben oui, maintenant que tu le dis … »

Alors évidemment, j’ai régulièrement des copines qui m’envient quand je leur décris le TOC maniaco-hygiénique de z’Homme : « Un homme qui fait le ménage ? Le rêve … ». Mettons les choses au clair : z’Homme est un pro des sols immaculés. Il passe la serpillère (ou l’aspirateur) plusieurs fois par jour sur une surface propre à l’œil nu et c’est admirable, quoique légèrement inutile. En revanche, il croit fermement à la lévitation des assiettes et des verres pour passer de la table au lave-vaisselle. Il n’a jamais fait tourner une machine de sa vie parce qu’il est totalement hermétique au principe de séparation du linge clair et du linge foncé. Enfin, il pense que le papier toilette pousse tout seul sur le distributeur.

Fidèle à son tempérament de vainqueur, z’Homme préfère développer son ultra-compétence dans un seul domaine que d’être médiocrement multitâches. C’est donc moi qui me colle à la To Do liste du printemps et tandis que z’Homme récure un sol qui n’en a pas besoin, je range des placards en souffrance, trie des vêtements qui s’empilent, mets en vente sur Leboncoin, Momox et Vinted, passe chez Emmaüs et à la déchetterie, tout en menaçant Louloute et Pioupiou de représailles s’ils ne rangent pas leur chambre. Et fissa.

Tandis que z’Homme assouvit son envie d’über-propreté en compagnie de son pote préféré, Monsieur Propre, je ressors les antihistaminiques de la pharmacie. Au printemps, il n’y a pas que la saleté qui valse et les hirondelles qui reviennent, il y aussi les pollens qui volent. Et quand tu morfles, t’as bien envie de te laver les yeux au détergent. Allez courage, dans 3 mois c’est l’été !

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