Toi peut-être. Parce que moi dès que je chante ailleurs que dans ma salle de bains, j’ai l’impression de trahir l’artiste à mort. J’entends mille faussetés à la seconde et crois-moi, sur une chanson de 3 minutes, ça en fait.
A Nidorfla, nous n’avons pas de pétrole mais nous avons un Complexe Culturel et Sportif. Il faut lui mettre des majuscules parce que « l’architecture contemporaine de ce lieu de diffusion culturelle qui dispose de tous les équipements scéniques » a tout de même coûté aux nidorfliens ébahis que nous sommes un bras, une jambe et un œil et que nous n’avons pas fini de payer cette douce folie de nos impôts. Le point positif, c’est que cette salle de spectacle avec gradins modulables et tout le tralala accueille désormais les auditions de l’école de musique. Dont je fais partie en tant que chanteuse novice – et non Maître chanteuse comme nous l’allons montrer tout à l’heure. Le point négatif, c’est que la scène me fait flipper et que je suis limite tétanisée quand je dois y monter. Genre : t’es sûr que c’est à moi maintenant ? On peut pas faire passer quelqu’un d’autre avant ? Même si je donne mon rein droit ?
J’ai pas encore trouvé de truc contre mon trac. Je m’imagine brusquement amnésique, arythmique, asynchrone, aphone. La quinte a beau être de circonstance en musique, je crains la toux. Ou de ne pas chanter quand c’est mon tour. Tu imagines un peu le blanc dans une flopée de noires et de croches ? Tous ces scénarios réconfortants se disputent les quelques neurones qui fonctionnent encore dès que je monte sur scène, sachant que mon capital de départ n’est pas géantissime compte tenu de mes antécédents de blonde.
Tout ça pour expliquer pourquoi, hier soir, quand je suis montée sur l’estrade lors de la fameuse audition, je me suis emparée du micro bas, celui qui est placé à l’avant de la scène et qui ne sert PAS à chanter. La jeune fille qui m’accompagnait en duo m’a lancé quelques coups de coude discrets pour m’éviter de me mettre un peu plus la honte. J’ai fini par comprendre ma bévue, aheum. Après j’ai encore un peu bataillé pour installer le pied. Ah oui, parce que quand je chante devant un public, j’ai la main qui tremblote façon Parkinson à un stade avancé. D’où le pied pour cacher la main. Quand ils ont lancé la bande-son, j’avais les nerfs en pelote.
D’où peut-être sans doute très certainement ma voix, qui paraissait dissonante et trébuchante à mes oreilles. Quand j’ai demandé aux greffons comment ils ont trouvé ma prestation, mon fiston a adoré quand je me suis trompée de micro. Ma fille, elle, était contente de m’avoir maquillée comme ça on voyait pas trop mes rides. C’est moi ou ils ont le sens de l’humour ?
Retour de ping : Fin de la Love Story - Humour Me by Barbara