Ah Lisbonne ! Son fado, son porto, sa Praça do Comércio, et même son faux air de San Francisco : tramways, collines et mini-Golden Gate. Et puis son musée d’Art Moderne et Contemporain Calouste Gubelkian.

« Son quoi ? » me demande z’Homme incrédule, au quatrième jour de notre city trip à Lisbonne. Oui, j’ai décidé de le traîner de gré dans ce musée. Oui, en plus des autres visites culturelles incontournables. Nan parce que je me suis farci un certain nombre de défis sportifs sous la houlette de z’Homme, faudrait voir aussi à ce que le berger réponde un peu à la bergère, en mode Vis ma vie.

ruelles-lisbonneUrban trail à Lisbonne

À son tour de comprendre ce que veut dire « sortir de sa zone de confort ». Il saisira peut-être enfin ce que je peux ressentir quand je suis en hyperventilation à chaque « petit » baptême de plongée ? Ou que je me vois inscrite à un « petit » trail nocturne dans les Vosges, pluie et froid garantis ? Ou que je me retrouve à faire 700 « petits » km en vélo sous le cagnard ? Nan sérieux, comparé aux challenges inhérents à la vie avec z’Homme, visiter un « petit » musée – mouahaha – c’est trop bidon.

Notre séjour a démarré en douceur, par une balade guidée dans les quartiers pittoresques de la ville. Sans le faire exprès, c’était le 1er novembre, date anniversaire du méga tremblement de terre qui a détruit la quasi totalité de la ville en 1755. Comme la topographie lisboète est pentue, z’Homme avait l’impression d’être dans un urban trail, ça l’a mis en confiance. Le Château São Jorge et la Cathédrale Santa Maria Maior sont passés comme une lettre à la poste. Ensuite une soirée fado lui a permis d’élargir son répertoire de chants portugais au-delà de Linda de Suza même si chacun sait qu’elle a fait un carton, à l’époque.

cathedraleCulture lisboète 

Belem [prononcer Belin, oui, comme le biscuit apéritif] est le seul quartier à avoir été épargné par le tremblement de terre de 1755 et le tsunami et les incendies qui ont suivi. C’est donc une autre grosse immersion dans le patrimoine culturel de Lisbonne avec son Mosteiro dos Jerónimos et sa Torre de Belem, et même son Monument aux Découvertes, quoique plus tardif. Z’Homme a fait vaillamment une demi-heure de queue à chaque attraction. « On se croirait à Disneyland Paris », a-t-il déclaré, un brin nostalgique. Heureusement, il y a des Pastéis de nata à chaque coin de rue. Quand la culture lui pèse trop, reste ces fameuses tartelettes dont il peut se régaler impunément, lui.

La météo clémente et les nombreux escaliers ont justifié nos fréquents arrêts en terrasse, histoire de siroter un verre de porto. Ou plusieurs. Enfin je parle pour moi parce que z’Homme est resté au panaché 2° d’alcool. Petit joueur, va. Du coup, j’ai fait du people watching et je suis formelle : en 2018, le portugais qui se respecte n’arbore pas de monosourcil et la portugaise n’est pas plus mal poilée qu’une autre.

monument découvertes lisbonne

Après on est allé au Parque das Nações, lieu de l’Exposition internationale de 1998, et là z’Homme a soupiré d’envie à chaque fois qu’on a croisé un joggeur. Souvent, donc. Je le voyais taper furtivement sur son iPhone pour connaître la date du prochain marathon et le profil de la course. Pour se consoler, il a pris en photo le pont Vasco De Gama sous lequel coule le Tage et sur lequel passent les coureurs.

Art moderne portugais

Finalement, le dernier jour est arrivé et nous sommes allés au Musée Calouste Gubelkian, du nom ingrat de son généreux mécène iranien. J’avais prévu le coup : météo pluvieuse et musée gratuit ce dimanche-là. Les Dieux étaient avec moi. Du coup, z’Homme n’a presque pas ronchonné.

Alors bien sûr l’art moderne n’est pas le meilleur choix pour quelqu’un qui est réfractaire à l’idée même de musée. Une couverture pliée en quatre, un tableau monochrome, un néon qui forme la phrase « This is not a landscape », un vrai-faux squelette et autant d’objets posés là sans rime ni raison, autant dire que z’Homme s’est très vite demandé ce qu’il était venu faire dans cette galère. Moi aussi, mais j’ai fait la meuf qui s’y connaît : « On ne sait pas ce que l’artiste a voulu dire mais c’était sans doute profond ». Ou pas. Ça s’appelle de l’art conceptuel et ça ressemble à s’y méprendre à une vaste supercherie.

this-is-not-a-lanscape

Heureusement, il y avait la section pré-moderne, un peu plus abordable pour des esprits non torturés. Quelques tableaux qui ressemblaient vaguement à quelque chose ont retenu son attention – fugacement. C’est sûr, les artistes portugais sont aussi obscurs que les autres quand ils donnent dans le surréalisme et autres essais qualifiés d’audacieux. Z’Homme balance : « Rassure-moi, ces mecs, ils ont jamais eu la moyenne en art-pla ». Un peu déçue par cette accumulation d’hypothétiques œuvres d’art, je me suis rabattue sur la cafétéria. En attendant qu’il s’arrête de chover a cântaros, pleuvoir des cruches.

bizarre

Viva a Lisboa !

Plus tard dans la soirée, un cataplana de fruits de mer nous a largement réconciliés avec Lisbonne. « Tu vois, la gastronomie c’est de l’Art moderne avec un grand A. » me dit z’Homme, d’humeur poète. Puis tout à trac : « Et si on s’installait à Lisbonne ? ». Je soupçonne la sangria de cogner fort. « Je pourrais faire des trails sans quitter la ville ? Tu pourrais t’enfiler des vinho verde pour le prix d’une bouteille d’eau et on mangerait tout le temps des fruits de mer ? Midi et soir et même la nuit quand tu te réveilles et que t’as brusquement envie de pinces de crabe ? Alors, bonheur ou pas bonheur ? »

Allez, saúde et viva a Lisboa !

2 commentaires sur “Z’Homme en Lusitanie (et moi aussi)”

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