S’il y a deux mots qui devraient être bannis du vocabulaire français, ce sont bien ces deux-là. Toujours et Jamais sont à l’origine de tant de petits conflits et de grandes disputes qu’ils devraient en avoir honte.

L’autre soir, heureuse surprise : z’Homme est à la maison avant moi. C’est rare, parce qu’il n’est jamais rentré avant moi et que par conséquent je suis toujours là avant lui. En décodé, ça veut dire que je m’occupe toujours des enfant, de leurs devoirs, du repas etc. tandis que z’Homme ne fait jamais rien le soir. Bon, son travail, ça compte pas, là je parle de la vie de famille (et je ne suis jamais de mauvaise foi).

Comme je suis un rien fatiguée – et donc un rien irritée – je lui dis qu’il pourrait s’occuper des devoirs de maths de la cadette puisque c’est toujours moi qui m’en occupe. Et par extension jamais lui. Il doit aussi être un rien épuisé puisqu’il me répond du tac au tac :
« Dis tout de suite que je ne le fais jamais ! »
« Presque jamais… »
« Excuse-moi d’avoir un boulot et des rendez-vous toujours en soirée ! »
« Pas toujours »
«… mais presque toujours. Et puis tu veux en venir où ? Je ne fais jamais rien, c’est ça ? »

Je vous passe la suite. Celles et ceux qui sont en couple – ou l’ont été – connaissent bien la chanson : Toujours et Jamais font partie de ces mots « barbelés » que l’on emploie parce que l’on veut avoir raison. C’est notre ego qui nous pousse à nous poser en victime ou en donneur de leçons.

La version bienveillante pour nous et notre conjoint(e) consiste à dire ce qui nous tient à cœur, en partant de notre ressenti, sans chercher à manipuler l’autre. Dans cet exemple : « Je suis fatiguée ce soir. Pourrais-tu aider la cadette à faire ses devoirs de maths ? ». Ce qui aurait laissé à z’Homme la possibilité de répondre par oui ou par non sans se sentir pris dans la culpabilisation ou le chantage.

Dans L’éveil de votre puissance intérieure, Tony Robbins écrit :

« Il est plus important d’être amoureux que d’avoir raison. »

Et conseille : « Si vous vous trouvez dans une situation où vous insistez pour avoir raison, brisez tout de suite ce schéma. Arrêtez immédiatement la discussion et reprenez-la plus tard, lorsque vous êtes dans un état d’esprit plus propice à régler vos conflits. »

PS : J’ai retrouvé ce joli poème de Paul Vincensini intitulé « Toujours et Jamais » dans le cahier de primaire de mon fils :

Toujours et Jamais étaient toujours ensemble, ne se

quittaient jamais. On les rencontrait dans toutes les

foires. On les voyait le soir traverser le village sur un

tandem. Toujours guidait, Jamais pédalait. C’est du

moins ce qu’on supposait !

Ils avaient tous les deux une jolie casquette : l’une était

noire à carreaux blancs, l’autre blanche à carreaux noirs.

A cela on aurait pu les reconnaître ; mais ils passaient

toujours le soir et avec la vitesse…

Certains d’ailleurs les soupçonnaient, non sans raison

peut-être, d’échanger certains soirs leur casquette. Une

autre particularité aurait dû les distinguer : l’un disait

toujours bonjour, l’autre toujours bonsoir.

Mais on ne sut jamais si c’était Toujours qui disait

bonjour, ou Jamais qui disait bonsoir, car – entre

nous – comme ils étaient toujours ensemble, ils ne

s’appelaient jamais.

Paul Vincensini

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