Mal parler de Louloute sous prétexte que c’est une ado, c’est pas bien, mais qu’est-ce que ça fait du bien ! En même temps, c’est elle qui a commencé. Genre à parler ado, je veux dire grave mal.
Genre, elle me dit genre : « elle est dégueu ta bolognese », genre c’est vrai qu’elle est pas faite avec de la vraie viande mais genre avec du hachis de soja. Et je lui réponds, genre : « elle est toujours meilleure que ton kebab à base de viande reconstituée, genre que même plus on sait de quel animal c’est. » Elle me regarde genre vénère, hausse les épaules et balance « askip ». Ou alors elle ouvre la porte du frigo et déclame, genre sur un ton mélodramatique : « y’a R dans c’te maison ». Ou encore, quand je lui fais remarquer qu’il y a genre de la salade et du fromage, et que ça compte comme un repas, genre léger mais suffisant pour le soir, elle m’envoie un : « MDR LOL » bien sonné.
Je fais genre
Un soir où elle a quitté la table sans avoir touché son assiette – (Tiens ?) – et sans avoir râlé – (Tiens tiens ?) – en laissant tomber un « J’ai pas faim » – (Tiens tiens tiens ?) je l’ai espionnée en cachette. Oui, je sais que c’est moyen-moyen dans l’échelle de la parentalité respectueuse, mais parfois faut c’qui faut. Parce que quand même, c’est bien connu, l’ado a faim, tout le temps, et mange tout ce qui lui tombe sous la main. Alors un ado qui mange pas, pire : un ado qui râle pas, c’est chelou, mais genre grave.
Je l’ai suivie dans sa chambre et je l’ai prise la main dans le paquet de gâteaux qu’elle avait acheté en douce, avec un litre de coca pour bien diluer. Quand je lui ai fait remarquer qu’on « mange à table » (et depuis quand je répète les phrases de ma mère, moi ?), elle a pris son air agacée, comme si l’univers conspirait contre elle et l’obligeait à faire la conversation à une daronne attardée. « Ben c’est mieux que de fumer un bédo, non ? »
Genre.
Askip.
Grave.
De ouf.
Le vocabulaire ado s’est bousculé dans ma tête. Impossible de sortir une seule onomatopée cohérente. J’étais en bad.
Mais où est donc passée ma gentille Louloute obéissante, qui finissait ses épinards sans sourciller ?
Ma théorie, parce que je le vaux bien
À mon avis, elle a été enlevée la nuit par une bande de Martiens sans scrupules et remplacée par un alien. Ils lui ont collé des boutons, les cheveux gras et une forte odeur sous les bras. Cette extraterrestre lève maintenant les yeux au ciel quand je lui parle et claque la porte de sa chambre quand je lui dis non.
Parce qu’on est d’accord, je peux pas être à l’origine d’un modèle aussi défectueux ? Hein, HEIN, HEIN ???
Crédit photo : la talentueuse Nathalie Jomard, illustratrice et illustre créatrice de la République Bananière et Autoproclamée du Grumeauland.
Chère Barbara!
Je suis à l’aéroport de Budapest en attente de mon vol. Tous les regards sont tournés vers moi, car je ne peux m’empêcher de rire haut et fort en lisant ton billet.
Excellent!!
Merci beaucoup pour tous ces remonte-moral. J’adore!!
Gros bisous
Valérie
Merciiiii Valérie, c’est toujours sympa d’avoir un retour …. même si …. euh… tu es qui au juste ? J’ai plusieurs Valérie dans mon carnet d’adresses et j’avoue que je donne ma langue au chat ;-))
Barbara
mince, je l’avais zappé, ce billet là. Ca me rappelle qund on voulait entre mamans, monter un spectacle contre les/nos ados, genre « miskin, ta baronne, elle s’en bat les couilles… »
Hihihi … oui, moi aussi j’avais oublié cette idée !!! Tu serais partante ?
Barbara
Au fait oui. Même si j’ai dit baronne au lieu de daronne… j’avais encore un brin de naïveté. Mais le titre, j’aime : « miskin, ta daronne elle s’en bat les couilles »