Tous les ans, je ramasse des pommes pour en faire du jus. Des pommes ramassées au hasard des champs, délaissées par leurs propriétaires et boudées par les promeneurs.

Les enfants m’aident : ramassent les pommes avec moi, chargent les bouteilles vides dans le coffre, m’accompagnent au pressoir et rangent les bouteilles de jus fraîchement pressé dans la voiture ; arrivés à la maison, ils les descendent à la cave, remettent la voiture en état, décrottent les bottes, rangent les divers sacs et paniers jusqu’à l’année prochaine, etc.
Me dites pas que vous y avez cru ? Non, ça c’était La Petite Maison Dans La Prairie. La réalité ressemble plus à ça :
Je demande au grand de m’aider, mais il a tout d’un coup des « tonnes » de devoirs à faire et vu que c’est bientôt la fin des vacances… La cadette est invitée à un anniversaire, hors de question qu’elle se salisse. Quant au petit, réquisitionné d’office, son aide est purement symbolique.

Pour la cueillette, je ne suis pas seule. Ma mère me donne un coup de main. Mais pour le reste, c’est à moi de jouer. Malgré le travail que cela représente, je ressens toujours un profond sentiment de satisfaction personnelle. Ramener une centaine de bouteilles de jus de pommes, de qualité bio, pour une somme modique, et surtout fabriqué à partir de pommes qui auraient pourri dans les champs, ça me fait plaisir.
Ce qui, en revanche, me fait beaucoup moins plaisir, c’est les grimaces et commentaires de chacun quand je mets ma production sur la table :
L’ado :
« Encore du jus de pommes ? On pourrait pas avoir du jus d’oranges pour changer ? »
« Ben non, gros benêt, les oranges ça pousse pas en Alsace. Quoique avec le réchauffement climatique… »
« Ouais mais là c’est grave abusé, déjà qu’on mange plein de pommes, alors en plus du jus… »
La pré-ado :
« Moi je préfère le multivitamines ananas- mangue- banane »
« Coté empreinte carbone, c’est un peu le pompon, tu trouves pas ? »
« C’est pas pire que prendre l’avion pour les vacances »
Le benjamin :
« Moi j’aime bien ton jus maman »
« Merci mon chéri, au moins un qui l’apprécie dans cette famille ! »
z’Homme proteste : lui aussi il aime le jus de pommes maison.
« Ben pourquoi t’en bois pas alors ? »
« Parce que je le supporte pas … »
Ah oui, y ‘a ça …

Comme dirait mon père : pour éviter les pépins, mieux vaut se garder d’être pomme jusqu’au trognon.

          

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