A chaque rentrée, c’est plus fort que moi : j’ai une irrépressible envie de tenir la main à mes enfants et de franchir la grille de l’école à leurs côtés. Nostalgie ou syndrome de la mère poule ? Qu’importe puisqu’ils ne l’entendent pas de cette oreille.
Je demande à mon aîné qui passe en terminale, funeste année du bac :
« Je peux t’accompagner à la rentrée demain ? » (ton interrogatif-sceptique)
« Maman ! » (l’ado, excédé)
« Ben quoi, moi de mon temps, les parents venaient encore avec ! Enfin, pas toujours, mais quand même… » (je me dis que les temps ont changé)
« Ouais, c’est normal, c’était il y a trois siècles, si tu remontes un peu plus loin en arrière, y’avait même des dinosaures » (l’ado qui sort ses griffes)
« Pfff… » (c’est bien ce que je disais : on comparait pas nos parents à des dinosaures. Bon, parfois on le pensait très fort, mais quand même)
Je me tourne vers la cadette qui, elle, ne fait « que » passer en 5ème:
« Demain, pour la rentrée, je t’accompagne, hein ? » (ton interrogatif-dubitatif)
« Ah non maman, tu viens pas avec moi, c’est trop la honte ! » (la pré-ado, outrée)
« Parce que tu as honte de moi maintenant ? » (je me dis que finalement les temps n’ont pas changé)
« Aucun autre parent ne vient, alors oui, c’est la honte, si toi tu viens. Et puis pourquoi tu peux pas faire comme tout le monde ? »
Je regarde mon petit dernier qui devient un grand ce matin puisqu’il fait sa rentrée en primaire et je me dis, soulagée, que, lui au moins, il a encore un peu besoin de moi.
« Prêt ? Allez, on y va ! » (ton affirmatif-assertif)
Il appréhende la rentrée et ne me lâche pas d’un pouce. Arrivé dans la cour de l’école, il s’accroche de plus en plus à ma main, voire s’y suspend. Un peu plus il me démettrait le bras. Quand tout à coup :
« Tu as vu maman ? Mes copains sont là ! »
Je n’ai pas le temps de répondre que déjà il me lâche la main et va vers eux, tout guilleret. Je le suis des yeux jusqu’à ce qu’il se mette en rang à l’appel de son nom. Sans un regard pour moi.
Je dois me forcer à me rappeler les paroles du Prophète « Vos enfants ne sont pas vos enfants, et bien qu’ils soient de vous ils ne vous appartiennent pas. »
Comme dirait mon père : mieux vaut lâcher nos enfants avant qu’ils ne nous lâchent.
J’sais bien que l’anglais est devenu langue dominante et que le temps où les « zélites » russes, anglaises et autres conversaient en français est derrière nous. Est-ce une raison suffisante pour que ton blog m’invite à « leave a reply » plutôt que de me susurrer que je pourrais bien, si le coeur m’en dit, commenter, voire « troller » tes écrits ?
Mon cher Troll des Montagnes,
Ta remarque est dûment notée et sera prise en compte avec le zèle qui me caractérise dans la mesure des limites de WordPress, mon éditeur de contenu.
Bien à toi
Barbara