Vous avez remarqué que quand vous avez des enfants, plus rien ne vous appartient vraiment ?
C’est la fin de la journée, mon bureau est rangé je suis tranquillement en train de taper mon billet d’humeur sur mon Mac. Ambiance zen et contentement. Ma fille, 12 ans, fait irruption dans mon bureau. Elle doit imprimer des images, c’est pour un devoir me dit-elle. Pour demain. Je dois donc lui laisser l’ordi. Pas longtemps me jure-t-elle devant ma mine sombre. Je détiens la seule imprimante de la maison et de toutes façons, elle n’a plus de connexion internet, contrôle parental oblige. Je bougonne mais m’exécute, il y a toujours un panier de linge qui m’attend quelque part. Je n’ai pas sitôt cédé ma place encore chaude, que déjà elle déboule avec son cartable de 10 kg, pose sa maxi trousse qu’elle déploie à côté du clavier, ramène sa thermos de thé parce que « ça fait maîtresse », s’approprie mon gilet que j’ai posé sur le dossier de ma chaise parce que « ça caille dans ce bureau » et s’ouvre une page You Tube pour écouter ses musiques préférées. Mieux vaut déguerpir que voir ça. Je sais qu’elle va en profiter pour faire un tour sur sa messagerie et lancer discrètement un Skype avec sa copine, l’historique de navigation c’est pas fait pour les chiens. Quand je reviens voir où elle en est, j’ai un haut-le-cœur : elle à imprimé comme une forcenée et étalé les feuilles sur toutes les surfaces disponibles, sol compris. Il y a des résidus de colle sur le clavier, mes affaires ont été déplacées, elle a changé mon fond d’écran, fermé ma messagerie et mes onglets préférés. C’est internet qui a planté, me dit-elle. Je n’ai plus l’impression d’être dans mon bureau mais d’emprunter celui de ma fille. Et quand je râle elle me dit que je ne suis pas prêteuse ?!
Et ben moi je dis qu’on a le droit d’avoir ses petites affaires à soi. Que placer la perforatrice toujours à droite du pot à crayons ne fait pas de moi une personne psychorigide. Que j’ai le droit de salir mon bureau si l’envie m’en prend tout en refusant que les autres le fassent. Que si mon fond d’écran ne plaît qu’à moi ça ne veut pas dire que j’ai des goûts de chiotte. Et que la prochaine fois, ma fille ira se faire cuire un œuf.
Il avait raison mon père : tu leur donnes un doigt, ils te prennent tout le bras.