Un enterrement, c’est sinistre par nature. Mais la messe n’arrange pas les choses. Eh, les cathos, ça vous dit de remonter le moral des gens avant le Jugement Dernier ?

Une fois que le curé a décliné l’identité du défunt et précisé qu’il était « patient, fidèle et qu’il aimait son jardin » comme s’il annonçait la météo du jour, on est partis pour une heure de jérémiades sur Jésus qui a tant fait pour nous. On n’a rien demandé, nous d’abord, hé ho ! Sérieux, si on avait su à l’époque à quel point on allait nous le ressortir à toutes les messes, on l’aurait décroché et remis sur les chantiers avec son charpentier de père.

Chacun sa croix

J’ai rien contre Jésus, mais je suis venu honorer la mémoire de quelqu’un qui a vécu trois fois plus longtemps que lui et que j’ai bien connu : mon grand-oncle par alliance, décédé à l’âge canonique de 90 ans, en pleine forme jusqu’au bout. Ça c’est du miracle. Alors certes, il est pas mort crucifié avec une couronne d’épines sur le front, mais il a quand même porté sa croix et chéri son épouse pendant 65 ans, et c’est pas de la Passion, ça ?

Le curé débite des litanies vaguement oubliées qu’il ponctue par un Amen répété sans conviction par une foule léthargique. Heureusement qu’il y a la chorale pour l’accompagner parce que dans l’assemblée des fidèles, il y en a quand même un paquet qui auraient été éliminés dès le premier tour sur le plateau de N’oubliez pas les paroles.

mea culpa qu’ils disaient

Cela dit, « Pleurez pour nous pauvres pêcheurs », c’est pas du Kendji, ça donne pas envie de faire la fête. Si encore on parlait de taquiner le goujon un jour de pluie. Mais non : il s’agit de nos méfaits, ceux-là même qui seront jugés par Saint-Pierre – et je parle toujours pas du poisson. Jeez, ce que les catholiques aiment ça, la culpabilité. Ce fameux « mea culpa » qui se prononce exactement comme « méat coule pas » mais n’a rien à voir avec des problèmes urinaires. Comment en arrive-t-on à se faire traiter de fautif quand on est venu rendre hommage à quelqu’un qu’on a aimé et qu’on ne reverra plus ? Le Mystère de la Sainte Trinité à côté, c’est du boudin.

Pour galvaniser la foule, le prêtre attaque un Notre-Père et son « délivre-nous du mal ». C’est pas hyper motivant comme mantra, je croix qu’il a pas bien lu Tony Robbins notre homme de foi. À tout hasard, je vérifie que mon iPhone est bien en mode avion. Je voudrais pas risquer l’enfer au cas où ma sonnerie Star Wars se déclencherait en pleine oraison funèbre. C’est un coup à atterrir du Côté Obscur de la Force, ça, avec Pablo Escobar et Charles Manson. J’avoue que j’en ai profité pour jeter un coup d’œil sur l’heure, c’est mal, tu crois ?

in vino veritas qu’il disait

Sentant la torpeur gagner du terrain, le prêtre expédie les incontournables de l’office : l’hostie, l’encens et la bénédiction du cercueil. C’est qu’il doit en avoir ras la soutane de parler à une bande de mécréants. Il termine en prêchant la seule Bonne Parole qui soit entendue : l’invitation à partager le « Verre de l’Amitié ». « OMG » diraient les jeunes ; « À Dieu ne plaise » diraient les anciens ; moi je dis « Amène » : après la mort, c’est la fête.

Si tu trouves que je blasphème, je te rappelle que pour certains, le vrai Dieu s’appelle Messi. Un partout, balle au centre, et Dieu reconnaîtra les siens.

 

Illustration : la délicieuse Mathou et son crayon d’humeur, à suivre ici et là, sur Facebook.
Texte de l’illustration originale modifié par mes soins.

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