J’attendais mon tour dans la célèbre chaîne de café américaine qui, malgré le prix déraisonnable de ses boissons, ne désemplissait pas. En flânant dans la galerie des Champs, je m’étais laissée tenter par les bonnes odeurs de caramel et de café et, sur un coup de tête, j’avais pris ma place dans la file d’attente. Cette journée estivale dans Paris me donnait envie de nouveauté, de fraîcheur et de légèreté.
Légère, c’est en tout cas ainsi que je me sentais depuis treize jours que j’avais rompu avec Édouard. Prévisible, assommant, monomaniaque, Édouard était tout ce que promettait son prénom, dissimulé sous le vernis trompeur de ses bonnes manières. Je l’avais rencontré chez des amis communs alors qu’il venait tout juste de se séparer. En dépit de mon manque flagrant d’enthousiasme, il ne m’avait plus lâchée. Il me parlait agriculture bio et permaculture et j’avais cédé en me disant que sur un aussi bon terreau, l’amour ne pouvait que fleurir.
Quelques mois plus tard, Cupidon n’avait toujours pas décoché sa flèche mais notre emploi du temps était tout tracé : du lundi au mercredi, on était chez moi, du jeudi au dimanche chez lui, parce qu’il avait un minuscule rez-de-jardin qui faisait potager-verger-terrasse-barbecue en mode couteau suisse.