Après le Pô morne plaine, frappée par le soleil, nous débarquons à Chioggia, qui préfigure la cité des doges avec ses ponts et ses canaux, la jolie plage en plus. Venise nous voilà.
À Chioggia, l’air est plus respirable. Z’Homme redouble de bonheur : il a retrouvé la mer, le sable et son pote Mikasa. Louloute s’est échouée sur une chaise longue et surveille l’évolution de son bronzage, rap vissé aux oreilles. Pioupiou s’ébroue dans le sable et se jette dans les vagues comme un jeune chiot, dernière année sans doute avant le passage funeste à l’âge bête. Je fais semblant d’aimer bronzer pendant 30 minutes top, après quoi, je laisse mon mec au soleil et me mets à l’ombre avec mon mac. #fautpasdéconnernonplus.
Bellissima piste cyclable sur la lagune
Le lendemain de cette halte qui commence enfin à sentir les vacances, les vraies, nous partons pour Venise. On y sera dans un peu plus de deux heures, estime z’Homme qui ne recule jamais devant un challenge. #mêmepasenrêve. La piste cyclable est posée sur les ilots de la lagune, c’est très beau et ça a l’avantage d’être plat – on ne s’en plaint pas, ça cogne déjà dur. On passe d’île en île avec trois ferries successifs avant d’accoster à Tronchetto, le Park and ride de Venise, où l’on met en consigne vélos et bagages. Louloute et moi allons nous « repoudrer le nez » (code pour faire pipi et changer de t-shirt dans les WC pour handicapés). Z’homme maugrée : c’est compliqué les femmes et ça pisse tout le temps. #onsecalme.
On prend (enfin, au grand soulagement de certains) un waterbus pour Piazzale Roma. Quatre heures pour faire 30 petits kilomètres, z’Homme se serait-il planté dans ses calculs ? Non, c’est nous qui avons été une fois de plus lents, très lents, trop lents. #laprochainefoisontelaissepédalertoutseul. Tout le monde est déjà passablement énervé avant même d’avoir posé une tong sur la Place Saint Marc. L’ado n’apprécie pas d’être comparée à un gastéropode, Pioupiou fait écho et moi je rase les murs. Venise c’est hot. Peu d’air et une méga chaleur qui n’en finit plus de nous engluer.
Seul z’Homme trottine allégrement, appareil photo en bandoulière. Il se fait copieusement remballer à chaque fois qu’il veut nous faire poser sous le soleil. #tropdesoleildanscepays. Apprécier les chefs d’œuvre architecturaux dans ces conditions tient de l’abnégation. Moi aussi je soupire en passant près dudit Pont. On finit par s’échouer sur une terrasse ombragée. Louloute pique presque du nez dans ses pâtes, tellement il fait chaud. #etsinonondortquand.
Le train en vélo non è permesso
Cette journée infernale s’achève comme elle a commencé : 10 km de vélo pour aller à la gare de Mestre-Venise. Je te passe les détours pour cause de routes barrées et autres errements cycotouristiques. Consternés, nous apprenons que les vélos ne sont pas admis dans le Frecciarossa, le train rapide censé nous amener à Trieste et décidons de forcer la main du destin. #litaliennouspascomprendre. Le contrôleur un peu paniqué s’avance vers nous en faisant de grands signes de la main non è permesso. Nous embarquons tout de même les vélos en désignant notre joker, Pioupiou, et sa tête de chien battu. Vaincu, le contrôleur n’a pas le cœur de nous faire redescendre et on arrive finalement, au bout de cette journée que nous qualifierons d’historique, à la Residence del Mare à Trieste. Les greffons, qui ne s’endorment jamais le ventre vide, profitent sournoisement de notre hébétude pour s’enfiler un macbeurk. #unmojitopouroublier?
Illustration : la délicieuse Mathou et son crayon d’humeur, à suivre ici et là, sur Facebook.