C’est l’expression consacrée ici, au Costa-Rica, pour dire « Bienvenue » mais aussi « Ça va ? », « Bonjour » ou « Profite de la vie ». Et c’est exactement ce qu’on fait, maintenant qu’on s’est enfin habitués à la météo pluvieuse de l’après-midi. Ou du matin. Ou du midi. Ou du soir. Ou de la nuit d’ailleurs.
Reste plus qu’à se lever tôt et à profiter de la journée dès que le soleil se lève. Sur le papier, ça coule de source. Dans la vraie vie, faut réveiller trois marmottes qui râlent et maugréent. Pendant le desayunos, les yeux rivés sur leur iPhone malgré plusieurs avertissements, les greffons ne pipent pas mot. C’est qu’ils gardent le meilleur pour la route. Après #LesGossesEnAvion, voici #LesGossesEnVoiture. Rien de tel qu’une bonne dispute pour épicer les vacances. Et te donner envie de les abandonner au bord de la route. Les grands classiques « c’est encore loin ? » et « je dois faire pipi » étant rapidement épuisés sur un trajet de cinq heures, les greffons ont élargi leur répertoire. Les deux grands balancent en douce des « crevard » et des « sale rat » à Pioupiou. Vu son répertoire limité, ce dernier ne peut que pleurer pour attirer notre attention et faire punir ses aînés. Classique mais efficace.
C’est dans une ambiance de folie, donc, que nous atteignons enfin l’embarcadère pour partir vers Tortuguero, une presqu’île entièrement protégée – comme 25% du territoire costaricien – et uniquement accessible en bateau ou en avion. Objectif : assister à la ponte des tortues. Cet animal, tristement ignoré du monde moderne pour cause de lenteur atavique, mérite qu’on en parle. Et si pour toi une tortue c’est une petite chose fragile qui tient dans la main, il est temps que tu t’abonnes à National Geographic. Le gros mastodonte que nous allons observer la nuit, flanqués d’un guide, mesure plus d’un mètre. Elle pond sa centaine d’œufs dans le trou profond qu’elle a péniblement creusé avec ses nageoires, puis recouvre son nid de sable avant de s’en retourner, laborieusement, à la mer. Et pendant que la mère tortue sue sang et eau pour mettre bas sa progéniture, que fait le père tortue ? Il batifole au large an attendant de pouvoir s’accoupler à nouveau. Ça te rappelle rien ?
Maintenant qu’on a goûté à la côte Caraïbes et à ses belles plages, on y reste. On longe la côte vers le sud direction Cahuita. De là, on part pour un treck au Parque Nacional Cahuita. Z’homme est passé en mode mute, son téléobjectif en main. Ça rigole plus. Défense de parler. Obligation de marcher sur la pointe des pieds pour pas effrayer la faune indigène. Qui nous le rend bien. On a l’impression d’être dans un zoo à ciel ouvert. Même les greffons en restent bouche bée (ou alors ils baillent ?). Les singes hurleurs se font immédiatement toper, les couillons. Des oiseaux volètent et des papillons papillonnent, on dirait un docu animalier. D’autres bêtes sont plus difficiles à observer. Les serpents et autres iguanes avec ou sans collerette ont des millions d’années de mimétisme derrière eux. Pour les apercevoir, il faut se joindre incognito à une visite guidée. C’est ainsi que nous découvrons un paresseux, ou plutôt une boule de poils de couleur indéterminée, perché tout en haut d’un arbre. Je m’étends pas sur les colonies de grosses fourmis coupe-feuilles, sur les méga araignées et leur géante toile, sur les maxi sauterelles noires et tous les animaux maudits de la création, en taille XXL par rapport à chez nous : le courant ne passe pas entre nous.
Cette rando se termine comme elle a commencé : à table. Ici ou ailleurs, à toute heure du jour et parfois de la nuit, manger reste le passe-temps favori des greffons. Remarque, j’ai rien contre un bon casado, il faudra juste lever un peu le pied sur les haricots noirs. Demain il y a de la route à faire et je voudrais autant pas mourir asphyxiée.