L’hypnose me captive et Messmer m’intrigue : il ne m’en fallait pas plus pour assister au spectacle du fascinateur québécois. Je me demandais surtout s’il aurait le regard envoûtant et la voix hypnotique de Kaa, le serpent aux yeux perçants du Livre de la jungle. On a les références qu’on peut.
Je m’attendais à voir Messmer faire les yeux ronds, en spirale, comme ceux de Kaa -raté, l’hypnotiseur n’a rien du vil reptile qui veut gober Mowgli. C’est pas pour casser du boa sur son dos ni pour répandre mon venin, mais le seul point commun que je lui vois avec le python beige, c’est les pigeons bêtes qui se laissent envoûter. Tant voûtés qu’à la fin ils se cassent, d’ailleurs certains ont dû quitter la scène.
Mais ceux qui restent sont forts : fort impressionnants, de véritables champions à la manière de François Pignon. On aurait bien aimé participer, nous aussi, mais on a lamentablement échoué au fameux test « au compte de trois, vos doigts se collent et vous n’arrivez plus à les décoller ». Comme près de 2000 autres personnes dans la salle, z’Homme et moi on n’a jamais perdu l’usage de nos doigts ce qui nous a mis d’office à l’index. Quelques poignées de participants, tous majeurs, sont restés doigts figés jusqu’à ce que Messmer intervienne presque manu militari.
Évidemment que j’ai tout de suite pensé que c’étaient des comédiens, vous me prenez pour qui non plus ? Et puis, sur scène, c’était un peu ambiance Foire du Trône : Messmer s’entêtait à les faire téter à tâtons les tétons d’une mère fictive, la Femme Sans Tête aurait pu faire la première partie de spectacle. Demandez l’programme, m’sieur, dame ! Mais il semble que les « réceptifs » suivent la voix de leur maître à l’insu de leur plein gré. Que Garcimore se décontraste et que Majax remballe, y’a pas de truc.
Alors je me suis prise à rêver : et si je parvenais à hypnotiser les miens, histoire d’améliorer mon quotidien ? Tu imagines pioupiou qui, au compte de trois, attendrait que j’aie pris mon café en intraveineuse avant de me parler, le matin ? Et l’adulescent, cet hybride mi-adolescent mi-adulte, tu le verrais en transe, lâcher son téléphone portable et son clavier d’ordi pour vider le lave-vaisselle en souriant ? Quant à z’homme, alors là j’ose à peine y songer : je lui dirais « Dors, je le veux ! » et il retiendrait TOUT, mais absolument tout, ce que je lui dis. Finis les Post-it sur le frigo. Bon là j’arrête , je me fais trop de mal.
fais ton n°7.Je le veux!