En temps normal, au-delà de zéro degré, j’aime voir évoluer ma progéniture. Mais quand j’ai l’impression que je viens de perdre mes doigts de pieds à cause du froid et qu’en plus, ma descendance a une bonne descente de pistes, là je passe au rouge : je me descends un vin chaud.

Surtout que z’Homme skie tout schuss et, en attendant, godille, tandis que je joue la voiture-balai et arrive bonne dernière en bas de la piste. C’est agaçant de se faire passer pour une bleue sur des rouges par tes propres greffons. Que ma technique de ski toute personnelle m’empêche de négocier les virages avec grâce, passons ; mais qu’ils m’escortent comme si je participais aux handisports, ça me rend verte. Et le coup du regard noir, ça marche pas avec un masque. Crois-moi, j’ai essayé.

Sérieux, il gèle à pierre fendre. Il pèle aussi à faire genre et j’ai pas la bosse des pistes. Mais on ne fait pas de rösti sans éplucher de patates : il faut bien brûler quelques calories pour s’enfiler un Kaffee-Kuchen. Alors je me la joue freestyle (oh ça va hein, y’a pas que les d’jeuns qui parlent anglais sans comprendre ce que ça veut dire), en comptant les minutes qui me séparent encore de mon Glühwein (et y’a pas non plus que les d’jeuns qui boivent pour oublier).

Toi aussi tu te demandes pourquoi je fais encore du ski ? C’est pas à cause du planté du bâton, ça c’est sûr. Non, c’est grâce aux fameux premiers moments : celui où tu redécouvres le prix vertigineux du forfait, la fois où tu hésites entre fondue ou raclette à midi et raclette ou fondue le soir, le moment où tu es coincée sur le téléski pendant 10 minutes et où tu commences à chanter Étoile des Neiges, la première soirée où tu piques du nez à 21 h alors que ça t’es plus arrivé depuis que tu es toute petite, le moment où tu as beau avoir mémorisé le plan des pistes, tu te retrouves loin, très loin, de ton point de départ.

Je pourrais t’en citer d’autres encore, tellement c’est poétique le ski. L’après-ski, surtout, quand t’es de nouveau au chaud et que tes mâchoires ont tranquillement décongelé. Non mais en vrai, j’aime le ski parce qu’il vient toujours un moment où tu dis tout haut :
« on est bien là, non ? »
Suivi du moment où tu penses tout bas :
« mais vivement l’été, non ? »

 

3 commentaires sur “Le planté du bâton”

  1. Francis Schull (what else ?)

    Merde, quoi ! Je suis le seul à commenter, ici ? Allez, les aminches, dites-nous que l’auteur ( mais surtout pas l’auteuse ou l’autrice) a un style enjoué, qu’elle décrit bien les affres de la mère de famille, que ses illustrations sont parfois à ch…, mais que c’est un bon moment de lecture avant d’aller mettre la viande dans le torchon… Remuez-vous, quoi !

  2. Francis Schull (what else ?)

    ah, j’ai encore une question essentielle, existentielle et peut-être même orthographique. Doit-on écrire le « planté » de bâton ou le « planter » de bâton ?

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