Hier soir, pendant le dîner, j’ai claqué Pioupiou. Oui tu as bien lu. Un geste qui m’a étonnée autant que toi. Au point d’avoir eu l’impression de ne pas le commettre. Est-ce bien moi, la coach, aficionado du développement personnel, groupie de la Communication Consciente, qui ai levé la main sur mon fils ? Est-ce possible au pays de la Happiness Factory, des licornes et des arcs–en-ciel ?

Quand le geste est parti, j’ai vécu une nano seconde de sidération. L’impression d’être en pilote automatique : le bras qui a fait le geste, c’était vraiment le mien, dis ? Puis j’ai éprouvé un énorme – mais bref – soulagement pendant le silence qui a suivi. Un silence statique, genre Hiroshima après la bombe. J’ai réalisé alors, quoiqu’un chouia trop tard, que j’avais simplement besoin d’une pause. Et ma conscience m’a soufflé que j’aurais sans doute pu l’obtenir autrement.

Louloute, témoin incrédule de la scène, hésitait entre le rire et les pleurs. À quand remontait la dernière claque ? À longtemps, c’est sûr. Et puis sont venus les sanglots. Ceux de Pioupiou, blessé, déçu, surpris, vexé d’être devenu totu à coup une tête à claque, là en plein repas. Et puis la culpabilité a pointé le bout de son nez, jamais très loin celle-là. Pourquoi lui avoir balancé cette tape derrière la tête ? Parce qu’il était turbulent, remonté comme un coucou ? Parce qu’il pépiait non stop alors que je voulais causer à Louloute ?

Au mauvais endroit, au mauvais moment

Ou bien parce que ma journée était difficile ? Que je n’avais pas envie d’être leur maman ce soir-là ? Que cette claque était destinée à z’Homme, jamais là quand il faut ? Ou à tous ceux qui m’avaient pris la tête ces derniers temps ? J’aurais bien aimé pouvoir dire que c’est l’Autre, cette marâtre qui remplace parfois la mère aimante que je suis, qui lui avait balancé la claque. ? J’aurais bien aimé pouvoir dire aussi qu’il « l’avait bien cherché », comme le faisaient nos parents qui justifiaient ainsi les mémorables gifles et fessées qu’ils nous administraient régulièrement, histoire de pas perdre la main.

Sacrée Dolto

Mais (Françoise) Dolto est passée par là. Et franchement elle a quand même fichu un peu le bazar cette grande dame. Même plus possible de baffer tranquillement ses enfants et de dormir sur ses deux oreilles après ça. Honteuse de lui avoir balancé une claque qui, au fond, ne lui était pas destinée, j’ai pris Pioupiou sur mes genoux. Entre bisous magiques, et petits mots doux murmurés à l’oreille, je me suis excusée. Pas d’explications, pas de justification, juste une demande de pardon. Aussitôt acceptée.

C’est que Pioupiou ignore encore que depuis le 1er janvier 2017, les « violences éducatives » sont interdites en France. Concrètement, gifles, fessées et autres claques n’ont plus droit de cité. Bon, j’le dis pas aux gosses. On sait jamais. Des fois qu’ils appelleraient la DDASS. Et puis globalement je suis quand même encore leur mère.

 

Crédit photo : la talentueuse Mathou, à suivre ici : crayondhumeur.blogspot.fr et là : Facebook Mathou illustrations

 

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