Ce matin, je suis retournée sur Facebook, après m’être déconnectée pendant exactement 6 semaines et 3 jours ! Je sais c’est fort, très fort. J’ai calculé que j’ai récupéré à peu près 45 heures de vie. Et ça, c’est encore plus fort.

L’histoire a commencé avec un défi. Le Grand m’a lancé un « t’es cap » de désinstaller Facebook pour les vacances. C’est le genre de pari débile que tu relèves dans un moment de gros stress, quand tu réalises que tu n’as pas encore commencé les valises et que l’avion décolle dans quelques heures. J’étais vraiment en brain-lag puisque j’ai pensé waïnot , quel meilleur moment en effet pour tenter un sevrage de Facebook ? Petit retour en arrière.

Au début, Facebook et moi, c’était une folle histoire d’amour. C’est vrai quoi : d’un clic je partageais mes photos de soirée mal cadrées et je likais les photos de profil, j’envoyais des pétitions pour sauver le gecko à queue feuillue, je n’oubliais plus jamais un anniversaire, je visionnais avec enthousiasme des caméra cachées et des photos de chats, je mesurais ma popularité au nombre de mes amis, c’était le bon vieux temps.

Et puis, à un moment donné, quelque part entre les tout premiers milliers d’utilisateurs et les deux milliards d’aujourd’hui, l’histoire d’amour s’est essoufflée. Je veux pas faire ma blasée, mais quand tu vois défiler des millions de photos de vacances en famille, de week-ends en amoureux ou de virées entre potes, y a un moment où t’as une impression de déjà-vu. Et puis quand ta copine poste, toute excitée, la photo de sa première tarte Tatin réussie, t’as aussi du mal à retrouver l’élan du début, celui qui te faisait liker, commenter et partager tout ce qui bouge. D’ailleurs, tu remarques même plus tes amis qui passent de « en couple » à « c’est compliqué ». Bref, le côté Club de tricot de Facebook a commencé à me peser lourd, très lourd.

Bon, pour autant je n’ai pas commis de geste trop impulsif, pas de suicide 2.0, j’ai continué à passer du temps avec Facebook. C’est que j’étais atteinte sans le savoir du syndrome du FOMO, « fear of missing out » ou « peur de louper quelque chose », l’information du siècle ou le message le plus important de ma vie. Ce léger trouble mental qui n’est pas encore répertorié dans le manuel des psy m’a exposé au grand déballage des extrémistes de Facebook :

  • les futures mamans qui photographient leur test de grossesse – des fois qu’on les traiterait de mythos,
  • les jeunes mamans qui nous parlent de leur accouchement douloureux – c’est généralement les mêmes neuf mois plus tard,
  • les complotistes persuadés qu’on ne nous dit pas tout et que Macron fait partie des Illuminati – c’est même eux qui l’auraient mis au pouvoir,
  • les photomontages improbables – #RetirezLeurPhotoshop ,
  • les jeunes qui commentent uniquement à coup d’émojis – déjà qu’y savent pas écrire …

… sans compter les hoax, les fakes, les chaînes à ne briser sous aucun prétexte sinon leurs auteurs ne répondent plus de rien, …

Non, vraiment, Facebook n’était plus ce compagnon idéal que j’avais imaginé. C’était devenu un pervers narcissique, un monstre suceur de temps. Pour me sortir de ce mauvais pas, plusieurs scénarios s’offraient à moi :

  • Le plus radical, le Pavlov Poke, un système conçu par deux étudiants du MIT qui t’envoie une décharge électrique à chaque fois que tu cliques sur l’onglet Facebook. Méthode choc mais pas chic, la pichenette pavlovienne me fichait un peu la trouille.
  • Le plus virtuel, Facecorette, un pseudo-patch de sevrage, discret et indolore, qui t’apprend à limiter tes connexions de manière progressive. Malheureusement, il n’était pas encore en vente, même pas sur télé-achat.
  • Le plus neutre, se passer de Facebook pendant un certain temps.
    C’est finalement le scénario que j’ai choisi.

Et c’est ainsi que j’ai passé toutes mes vacances et même la rentrée sans ouvrir une seule fois Facebook, c’est grave Docteur ? Et la preuve que je me suis complètement désamourachée du réseau, c’est que je n’ai toujours pas répondu aux 17 invitations et aux 99 notifications qui m’attendent encore. Finalement, c’est peut-être quand même un peu grave, non ? Les Rita Mitsouko avaient raison : les histoires d’amour finissent mal, en général.

 

2 commentaires sur “Facebook : le Grand Sevrage”

  1. Génial! Je n’ai pas Facebook mais forcément mes jeunes et mon mari… Ils passent plus de temps avec Facebook qu’avec moi!!! Des fois ça m’arrange… mais des fois j’ai du mal à leur parler, ils sont tellement dans leur monde!

    1. C’est vraiment difficile de trouver la bonne distance avec ces réseaux sociaux ! Et une fois que tu commences ….
      Courage ! Il reste la possibilité d’acheter un brouilleur pour qu’ils ne puissent plus capter le réseau à la maison. tu leur dis pas que c’est moi qui ai dit ça hein ?

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