En France, il y a une pénurie de dons d’organes. D’où l’idée de faire voter une loi qui appliquerait le principe du consentement présumé. Traduction : sauf refus explicite et dûment consigné, quiconque passe l’arme à gauche se verrait automatiquement prélever ses organes. C’est grave docteur ?

Z’homme a du mal à imaginer son cœur battre au sein d’une autre poitrine que la sienne. Je lui rappelle que quand de battre son cœur s’arrêtera, il sera mort, comme dans décédé du genre définitif. Alors son cœur il n’en aura cure, inutile de le prendre tellement à cœur. Finir sa vie sur un don de soi ou mourir en gardant tout pour soi c’est la même différence pour celui qui quitte ce monde mais c’est pas kif kif pour son pareil qui y reste. Ou pas, précisément. Se faire un point d’honneur d’être donneur quand on a les reins solides et le cœur vaillant, mais s’abstenir si l’on est de mauvaise foi ou que l’on crache ses poumons, c’est plus cool et même si ça peut en refroidir certains, ça ne fait mourir personne. Puisqu’on n’emporte rien au paradis – où nous irons tous, c’est Robert qui l’a dit, pas le Petit – autant se décarcasser un peu pour ceux qui sont dans le besoin, être un défunt à des fins altruistes. D’accord, c’est pas facile de s’imaginer raide mort. Ça demande une certaine souplesse d’esprit. Ça tombe bien : le nouveau texte de loi, un peu mort-vivant mais pas encore enterré, nous simplifie la vie. Si feu quelqu’un s’éteint sans s’y être explicitement opposé dans le Registre National des Refus avant son trépas, prélèvement il y aura. Forfaitaire j’en doute, mais libérateur sans doute, du moins pour le receveur dont l’existence dépend de nos entrailles. Moi, ça me prend aux tripes cette affaire. A la question : faut-il faire corps avec la Touraine ? Je réponds donc oui. Mais z’homme trouve qu’on flanque déjà à l’Alsace la Lorraine, alors les découpages en tout genre et les remembrements, ça commence à bien faire. Pour l’heure, quand on sonnera la mort du donneur, il préfère ne pas en être. Avant qu’il ne sonne le glas de cette idée-là, je lui promets une épitaphe, du genre : « ci-gît celui qui fût d’accord pour être mis en bière sans foi et donner de bon cœur le Rhin à qui en voudra. »

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Le contexte :
Afin de résoudre la pénurie de dons d’organes, les députés PS Jean Louis Touraine et Michèle Delaunay
, dans le cadre de la loi Santé, ont proposé un amendement présenté aux votes de l’Assemblée Nationale le 31 mars 2015. Cet amendement vise à rendre le prélèvement d’organes automatique en l’absence d’opposition du défunt (prise en compte uniquement de l’inscription sur le Registre National des Refus). Cette mesure prendrait effet au 1er janvier 2018.

 

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