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Le Grand a quitté la maison pour s’installer à Lausanne. Il a trouvé un job, et un appart pour partager les joies de la coloc’ avec ses deux potes. Pour combler le vide qu’il a laissé, il nous a fait don de sa collection de canettes et de quelques posters punaisés au mur de sa chambre. Le bon côté : plus besoin de partager la connexion internet. [Crois-moi, pour nous autres, pauvres âmes privées de la fibre et qui subissons de plein fouet la fracture numérique, tous les octets comptent.] Le mauvais côté : je vais me coltiner les achats qu’impose cette nouvelle vie en communauté, les financer et les déménager.

Trois hommes et un appart’

Mes pas m’amenant professionnellement dans la région lémanique, j’en ai profité pour faire d’une pierre deux coups et déménager leur « trousseau ». Quand t’as affaire à trois garçons qui ont choisi l’appart à cause de l’écran plasma et estiment qu’une X-Box et une chicha c’est bien assez pour démarrer dans la vie, le scepticisme est de rigueur. Ils se sont tout de même fendus d’une liste de courses. Le câble HDMI et la box trônent en pole position, mais heureusement d’autres articles indispensables à la vie de tous les jours ne sont pas oubliés comme le tire-bouchon et les verres à shot. Ouf, j’ai failli avoir peur.

Reality check

Mais écumer les magasins avec eux, c’est aussi l’occasion de mettre à l’épreuve certaines de mes théories. Théorie N°1 : les jeunes ne dépensent pas de l’argent pour des choses aussi triviales que des assiettes, de toutes façons ils mangent directement dans les cartons. Reality check : ils ont refusé le service du grand-père qui reposait à la cave (pas le papy, la vaisselle) en faveur d’un ensemble 18 pièces assorti aux sets de table qu’ils ont choisi. Oui, tu as bien lu. Parce qu’ils comptent mettre des sets de table. Sur une nappe en toile cirée. Même pas ma grand-mère elle faisait ça. Théorie N°2 : les jeunes se fichent des articles ménagers comme de leur premier Freegun. Reality check : ils ont décrété que la passoire en plastique vert piquait les yeux. Ils ont préféré le modèle en inox. Je pointe l’évidence : l’inox est trois fois plus cher et pour une co’loc à durée forcément limitée dans le temps, est-ce réellement important de dépenser autant pour égoutter les nouilles ? Si si insiste mon aîné. Fais claquer renchérit son pote.

Vivre ensemble : joies et peines

Je m’intime intérieurement de la boucler. Mais je ne peux m’empêcher de reposer la même question pour le plat à lasagnes (sérieux ?), la boîte à pain (vraiment ?), la corbeille à fruits (heu…). Ma Théorie N°3 vole en éclats (les jeunes ne font pas la cuisine) ainsi que la N°4 (les jeunes ne mangent pas de fruits). Au final, l’addition salée de ce shopping qui ressemble plutôt à une liste de mariage, les laisse complètement détendus, voire euphoriques. Bon, je vais pas gâcher leur petite lune de miel en leur rappelant qu’ils mettront les prochains mois à rembourser leurs achats, ce serait relou.

Quand la voiture est pleine comme un œuf, nous prenons la route pour Lausanne. C’est fou comme deux heures de voiture avec une planche à repasser au-dessus de la tête ça te donne envie de poser des questions vitales. Du genre : qui va faire le ménage, les courses, la popote ? Ils y réfléchissent qu’ils me disent, distraitement, l’œil vissé sur leur portable. En tout cas, je pressens que ma Théorie N°5 est juste : les jeunes comprennent les limites du vivre ensemble quand ils sortent de la salle de bain cul-nu à la recherche d’un rouleau de sopalin ou qu’ils retrouvent les poils de leurs potes sur leur brosse à dents. Talk to you soon.

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