On dirait le nom d’un médicament ; ce n’est pourtant rien moins que le monument emblématique de l’Indonésie. Leur Tour Eiffel à eux. 

Ce méga temple bouddhiste construit façon Lego avec 2 millions de blocs de pierre est pris d’assaut dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, par une horde de touristes assoiffée de photos dont celle très prisée du lever du soleil. Nous gravissons les innombrables marches qui nous conduisent au sommet du temple et ses 72 stûpas de pierre – constructions en forme de cloche – qui recouvrent des bouddhas et entourent un stûpa géant qui recouvre lui aussi un gros bouddha inachevé. Il vaut mieux reprendre son souffle parce qu’on l’a très vite coupé : stûpas dans la brume, avec en arrière-plan, le volcan Merapi, le plus actif d’Indonésie que l’on devine plus qu’on ne voit, et la jungle à perte de vue, ça vaut le réveil matinal qui va nous plomber la journée.

Bon on aura pas le lever du soleil façon carte postale mais z’homme recherche quand même le meilleur angle avec le minimum de visiteurs dessus. Compter une heure. J’en profite pour observer les pros du selfy qui déploient leur perche télescopique et sourient béatement à leur téléphone, les guides qui font chanter le « Om » à leur groupe sans craindre le ridicule, les individuels qui se font prendre en photo appuyés sur les stûpas malgré l’interdiction rappelée sur de nombreux panneaux. J’admire la patience du gardien qui demande poliment à chaque touriste affalé sur le rebord de pierre de bien vouloir lever ses fesses. Il ne s’est pas sitôt éloigné, qu’un autre s’y assied. C’en serait presque comique si on n’était pas sur un site classé Patrimoine Mondial de l’Unesco.

Z’homme veut encore prendre une vue d’ensemble, compter une autre heure. En redescendant, nous nous faisons accoster par les marchands du temple qui ont envahi la place et veulent nous vendre leurs babioles certifiées authentiques et pas chères. Y’a des jours où on aimerait bien ne pas avoir la bobine du touriste. Retour au « Efata Homestay » à 5 minutes de là, où nous avons laissé les greffons qui nous ont suppliés de les laisser dormir. En guise de grasse matinée, nous les retrouvons, le petit scotché sur l’ordi, la grande sur son portable. « Maman, je suis à mon 15ème niveau et je vais avoir un bébé dans neuf heures ! C’est trop top ! ».

Je sens z’homme frémir ; la geek-attitude ça l’agite déjà comme ça, mais quand sa fille parle d’avoir un bébé dans neuf heures, même pour de faux, il faut qu’il élimine la tension. Et fissa. Du coup, nous voilà sommés d’avaler le petit-déjeuner au lance-pierre, quitte à se brûler le gosier avec le thé, pour aller parcourir séance tenante la campagne borobudurienne en vélo. On a beau être des pros du guidon, rapport à nos vacances cyclopédiques de l’année dernière, rien ne peut nous préparer aux chemins défoncés et à l’absence totale de signalisation qui caractérise l’île encore très préservée de Java. Le soleil tape fort, les chemins sont impraticables, les vélos entièrement pas adaptés : z’homme est dans son élément, nous beaucoup moins. Nous ahanons à sa suite, espérant tomber rapidement sur le village des potiers, histoire de faire une pause bien méritée. Mais z’homme s’arrête souvent pour prendre des photos ce qui rallonge la balade et reporte d’autant ladite pause. A la fin de la journée, crevés, sans surprise, mais surpris de ne pas avoir crevé, nous nous affalons sur le lit. Sauf z’homme. Il part faire un jogging parce qu’il n’a pas assez transpiré. On évite de lui dire qu’il nous a bien fait suer.

5 commentaires sur “Borobudur effervescent”

  1. quand j’y suis allé, il y a de cela un siècle, ou presque, beaucoup de statues avaient été décapitées (ça devient une habitude chez certains musulmans). Ils les ont reconstituées ? A part ça, je crois que c’est le volcan Merapi et pas Marepi. Amitiés à Z’homme.

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