C’est chaque fois la même chose : dès que le rouleau de papier toilette arrive en fin d’une vie peu glorieuse mais néanmoins indispensable, il reste fermement agrippé au dérouleur, comme une moule à son rocher.

Du coup, le nouveau rouleau, au lieu d’être placé là où il se doit, est posé quelque part ou ailleurs, à portée de main tout de même, c’est plus pratique pour s’en servir. Mais il y a pire : une fois vide, ce deuxième cylindre d’un brun de circonstance rejoint le premier, tandis qu’un autre rouleau neuf bien dodu tient compagnie à ses deux compagnons d’infortune. C’est pas touchant ça ?

Et ainsi, au fil des jours, les cadavres de rouleaux s’alignent aux toilettes avec un instinct grégaire des plus sûrs : quand il y en a un, tu peux être sûre qu’il va y en avoir plein d’autres. Un peu comme les paires de chaussures dans l’entrée.

Jusqu’au jour où, au bord du rouleau, je décide de le changer. Parce que des invités débarquent ou parce que je suis exaspérée. Ou parce que le rangement c’est maintenant. J’oriente le nouveau rouleau de papier hygiénique bien comme il faut, « par dessus », ce qui me laisse amplement le temps de me demander pourquoi, mais pourquoi, c’est toujours à moi que revient la mission de changer le rouleau vide ?

Remontée, je dis aux gosses « Faut qu’on parle. » Cette petite phrase leur fait dresser l’oreille. Tant mieux. Parce que l’heure est grave.
-La collection de rouleaux de PQ vides, c’est pour jouer au chamboule-tout pendant que tu fais tes petites affaires ou quoi ?
Le Grand hausse les épaules en mode t’as-pas-trouvé-plus-important-dans-la-vie
– C’est pas moi qui laisse le rouleau vide
– Ouais, un peu comme dans « Titanic », Jack n’est pas mort, en fait.
– J’vois pas le rapport entre un bateau qui coule …
– … et une mère qui sombre ??? Cherche un peu pour voir …
– Mais puisque c’est pas moi j’te dis… demande à Louloute.

Réponse de l’intéressée, qui s’indigne pour faire bonne mesure :
– À croire ! Non mais attends quoi… n’importe quoi, non mais genre quoi ….pfff…
– Écoute ma fille, c’est déjà assez dur d’être une mère 7 jours sur 24, enfin tous les jours de la vie et même à chaque heure, si en plus il faut passer derrière tout le monde… oui parfaitement derrière, et bien je trouve ça chiant. Voilà. C’est dit.

Z’Homme, à qui je pose la question, se révolte :
– Ah non, moi je finis jamais le papier !
– C’est donc toi qui laisses toujours une demi-feuille sur le rouleau ???
– Euh non je ne pense pas …?
Note : le cerveau de z’Homme a pris un RTT.

Pioupiou est le seul à être positivement ravi que je lui pose la question.
D’abord parce qu’il connaît le coupable, et ensuite parce qu’il va pouvoir le dénoncer contre un œuf Kinder.
Je vais l’inscrire à Koh-Lanta-Kids. À mon avis, il a des chances de gagner.

4 commentaires sur “Au bout du rouleau”

  1. Retour de ping : Louloute future infirmière - Humour Me by Barbara

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