Se mettre à la diète avant les fêtes, c’est pas bête. Manger moins, c’est plus malin. Pour perdre du poids, il y aussi la turista. Mais pour détoxifier, jeûner c’est plus futé (à condition de s’organiser).

Quand j’ai dit à mes copines que je m’étais fait un jeune [prononcer je-eune] elles m’ont demandé : « c’était comment ? », je leur ai répondu, les mains dans les poches, « jouissif ». J’espère qu’on parlait bien de la même chose. Pour éviter de ressembler à un Télétubbies début janvier, j’ai en effet pensé qu’un petit découennage s’imposait. Et la seule date possible avant la fin de l’Avent et le début de l’après-fêtes était coincée entre la Saint-Nicolas et une soirée vin chaud avec les voisins. À cette époque de l’année, en Alsace, on rigole pas avec les traditions. Mais j’aime les défis, alors j’ai dit oui.

Descente aux enfers

Pour de vrai, dans un jeûne, le supplice c’est la descente alimentaire, chez soi, à la maison, avec les gosses qui parlent la bouche pleine et z’Homme qui propose de chercher des croissants au petit-déjeuner. Ils le font exprès tu crois ? Idem pour mes collègues, qui insistent pour que je m’alcoolise avec eux en fin de journée, convaincus que le jus de tomate c’est pour déconner. Dito pour ma mère qui tient à fêter la Saint-Nicolas avec plein de gluten et de lactose pour bien tapisser l’estomac, histoire de pas avoir faim pendant le jeûne. #MeurtreALaPinceAEpiler.

Mais avant de passer à l’acte, j’ai fait comme le roseau de la Fontaine, j’ai plié mais n’ai point cédé. Traduction : j’ai bien mangé, j’ai bien bu, j’avais la peau du ventre bien tendue, mais j’ai quand même pris la route. La bonne nouvelle, c’est que je n’avais ab-so-lu-ment pas faim en arrivant. En voyant la mine défaite de mes congénères, qui avaient commencé le jeûne quatre jours avant moi, je me suis dit que c’était pas le moment d’évoquer mes lourdeurs d’estomac. La mauvaise nouvelle, c’est que je me suis perdue. Faut dire qu’il faisait nuit noire et que mon GPS, aussi paumé que moi, répétait en boucle « Prenez une route digitalisée ». Je crois qu’ils ont pris Nabila pour faire la voix. La prochaine fois, je me tatoue les plans des lieux avant de partir à la Michael Scofield.

Menhirs vosgiens

Bon, j’te rassure, le lendemain j’était en full mode mal poilée. Rapport à l’absence de nourriture couplée à l’obligation de marcher. Même dans un haut-lieu d’énergie, la marche ça me tente rarement, sauf dans une grande ville avec plein de cafés qui te tendent les bras et des métros quand t’en as plein les jambes. Enjouée et volubile à souhait, notre cheftaine nous parlait menhirs, dolmens et autre cérémonie druidique, alors que je voulais juste qu’on me laisse mourir tranquillement dans un coin de nature.

En rentrant, on a fait les loques sur les canapés, avec plaid et bouillotte. On se serait cru dans un home de personnes âgées. Y’a pas, le jeûne, ça te file un de ces coups de vieux ! J’ai feuilleté le dernier Cosmo en sirotant une tisane insipide, faudrait pas fouetter les papilles gustatives non plus. Et à propos de fouet, devine sur quel article je tombe ? 10 bonnes résolutions sexuelles. Et là, d’un coup, je me suis pris un méga blues. Non parce que quand t’as une haleine de cheval, la peau terne et le cheveu plat, t’as du mal à t’imaginer parler sexe avec ton partenaire, du genre « J’adore la position Andromaque, et toi ? ».

Patte de chat vibrante

Heureusement, temps fort de la journée, après la sieste et le sauna, et avant un pauvre bouillon sans goût, t’as droit à un massage. Rien à voir avec une patte de chat vibrante ou z’Homme qui t’écrase les omoplates, c’est un vrai bon massage à l’ancienne. De ceux qui t’endormiraient presque s’il n’y avait pas une panne de radiateur ce jour-là. Au moins ça nous a fait un sujet de conversation. Après le succès de « Il fait nuit tôt maintenant », on a pu se dire « Il fait froid dans la salle de massage hein ». Parce que quand tu jeunes, vu que t’as pas le droit de parler bouffe et que le sujet de la météo est vite épuisé, reste pas grand chose à se mettre sous la dent, au sens figuré bien sûr. D’autant que ta matière grise est en jachère, comme le reste, alors ça favorise pas les débats.

Moi je dis, vivement la reprise alimentaire, qu’on puisse quitter le QI de l’huître. En plus, ce jour-là j’ai un vin chaud ou trois qui m’attendent. J’peux pas vexer les voisins non plus.

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